Ah ça, on peut dire que Zack Snyder est un réalisateur qui divise. Accusé de n’être qu’un simple faiseur, assez doué, et d’enchaîner les adaptations d’œuvres reconnues en les dépouillant de leur moëlle (ce qui n’est pas tout à fait faux), le bougre draine aussi une solide communauté de fans. Il pensait bien, avec “Sucker Punch” et son scénario original, s’affirmer comme un auteur. Si le film n’est pas raté et constitue un moment assez fun, il confirme aussi les limites de son auteur. Mais dans son délire, il avait décidé d’accorder une importance particulière à la musique, manière de contrôler de bout en bout son oeuvre. Sa BO est en grande partie composée de reprises ré-arrangées par son complice Tyler Bates (un compositeur assez médiocre au style bourrin) et Marius De Vries (compositeur de “Moulin Rouge“, référence assumée de Snyder). Un duo qui s’en sort pas mal dans cet exercice casse gueule.
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La séquence d’ouverture est rythmée par une reprise de “Sweet dreams” chantée par l’actrice principale Emily Browning, très impliquée dans la fabrication du film. Comme les autres, c’est surtout cool, très ralentie par rapport à l’original (comme la séquence filmée par ailleurs) et avec des ajouts symphoniques du plus bel effet qui donne une nouvelle orientation à ce tube éternel mais avant tout électro. Björk donne de la voix (avec Skunk Anansie en accompagnement) sur “Army of me“, ma piste préférée : rageuse, rock en diable, bourrée de changements de rythme et d’une puissance évocatrice salvatrice, voilà un hymne impeccable qui accompagne bien la 1ère séquence d’action du film.
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Suit une reprise de “White rabbit” des Jefferson Airplane (plutôt bien foutue), un duo entre Queen et un rappeur inconnu pour un mix entre “I want it all” et “We will rock you” qui se révèle assez désagréable puis c’est du lourd avec Skunk Anansie qui se fait plaisir avec “Seek and destroy“, enchaînée avec une reprise de “Tomorrow never knows“. Le tout sans temps mort et sur des rythmes assez endiablés, chaque piste rallongeant l’original avec des ajouts symphoniques bien sentis. Mais après la guerre, place au calme.
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La suite est bien plus relaxante avec un duo réussi sur “Where is my mind” où apparaît Emily Browning et Yoav. La copie rendue est propre et audacieuse, ce qui ne manquera pas de divisée les fans des Pixies et d’autres, comme moi, qui trouvent le travail honorable. Browning aura droit à une piste solo avec “Asleep“, une face B de The Smiths. Dernier petit plaisir avec ce duo brûlant entre les acteurs Oscar Isaac et Carla Gugino pour “Love is a drug“.
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Au final, une BO sympathique qui revisite quelques classiques avec un certain bonheur, qui choquera probablement les fans mais qui s’apprécient tout de même par les quelques audaces ou trouvailles sonores qui revisitent les mélodies originales. Car le secret d’une bonne reprise, c’est de prendre le morceau original et de s’en éloigner le plus possible pour le renouveler et imprimer sa marque.