Avant de prendre son nom définitif, le groupe crée par Gaëtan Roussel (chant et guitare) et Robin Feix (basse) s’appelait Caravage. Quand il est complété par un batteur (Alexandre Margraff) et un violoniste (Arnaud Samuel)… Pardon un quoi ? Oui, un violoniste. L’apport de cet instrument, et bien c’est une petite sonorité bretonne qui rappelle parfois le groupe Tri Yann. Toutefois, le groupe n’a pas de label et pour se faire connaître, il va écumer toutes les salles de concert possible avant d’édité son 1er album en 1997, après plus de 2 ans de tournées. Cette expérience de la scène va permettre au quatuor parisien de peaufiner tous les titres du disque et d’atteindre une espèce de perfection sur chacun. Le public répondra présent et le groupe battra quantité de records.
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Ouverture trépidante en amorce avec “Amours”. Le style est là, bien en place. Le violon tient presque le rôle de basse et soutient le rythme (il y a même un “duel” entre les 2 au milieu du morceau) et la voix éraillée de Gaëtan scande des textes en apparence simplistes mais très poétiques. Morceau rapide et entraînant qui précède un méga-tube : “J’t’emmène au vent”. Toujours ce rythme de dingue et en plus ce solo de violon qui se plante en milieu de morceau, avec une batterie déchaînée. Un autre tube lui succède : “Ton invitation”. Même structure que le single précédent mais un rythme plus calme, avec cette intro soutenu par un violon joué aux doigts des percussions ultra rythmées. Nouvelle ouverture trépidante pour “La brune”, jouée en guitare sèche. Texte déclamé à un rythme saccadé et rapide à la fois. Apparition des chœurs aussi. Piste très courte qui précède “Les nuits parisiennes”. On reste avec cette guitare sèche et ce violon très mis en avant. La qualité des textes demeure constante et on reste pris dans ce tourbillon.
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Avec “L’imposture”, on hausse le rythme et les textes prennent une tournure plus engagée. Une de mes préférées. On enchaîne avec “Savoir” et le rythme est toujours aussi soutenu dans cette chanson très brève mais impeccable qui ne laisse aucun répit à l’auditeur. Bien sûr, après, on calme le jeu avec “Arrache-moi”. Violente dans ses textes qui vous prennent aux tripes, les instruments sont plus en retrait mais chacune de leurs percées sont piquantes et bien placées. Expérimental mais diablement réussi. Suit l’énormissime “Léa” et son texte ciselé qui rebondit de syllabes en syllabes. Drôle et tendre. Voiçi une autre de mes chansons favorites du disque avec “Fatigante”. Rythme élevé, texte très riche qui se finit par une énumération hallucinante et en sus, j’adore le violon dans ce morceau.
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Dans son dernier tiers, le disque prend une tournure plus grave et on commence par “Tes yeux se moquent”. Ouverture lancinante, voix plus posée et texte plus triste. On reprend un peu de vigueur avec “Vous avez l’heure”. Musicalement très aboutie, le plaisir d’écoute est toujours présent et il permet une transition efficace avec les 2 dernières chansons, les 2 meilleures de l’album. D’abord “Toute cette histoire”, qui possède un texte magnifique et une instrumentation parfaite, la plus aboutie de la galette. Le break du milieu est un feu d’artifices, un morceau de bravoure magnifique qui vous procure quantité d’émotions. On conclut avec “Cracher vos souhaits”. Le texte est là encore splendide et il est interprété avec puissance. Le violon qui l’accompagne est aussi à la hauteur. Un morceau fascinant qui vous laisse KO.
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A sa sortie, les médias s’empareront du phénomène, qui s’est construit petit à petit sur la scène et qui finira par vendre plus de 2,5 millions d’exemplaires, record pour un disque rock et 5ème meilleure vente de tous les temps en France. Signé sur un label inconnu et indépendant, sans aucun soutien publicitaire, le groupe démontre que le travail paie et annonce un peu le virage prit par l’industrie du disque ces 10 dernières années : le public est avide de nouveautés et le bouche-à-oreilles est parfois plus efficace qu’un matraquage radiophonique de “stars” pré-fabriquées au marketing type bidon de lessive. Un disque important, aux arrangements ciselés, entraînant et mélancolique, marqué par des texte magnifiques.
Ce premier disque de la discographie Louise Attaque était vraiment un sans-faute.
Dommage que la suite ne lui ressemble plus.