S’il y a bien une règle immuable pour un jeune artiste qui veut passer à la postérité, c’est de faire peu de choses et de mourir jeune, si possible dans des conditions tragiques. Jurisprudence James Dean. Des compliments pleuvent de toute part, votre nombre de fans se multiplient par 100, vous devenez la référence de toute une génération et votre nom est cité comme influence par des gens qui ne vous ont jamais vus de votre vivant. Bon, il faut honnête, cela ne marche que si vous avez quand même beaucoup de talent et que l’on regrette de ne pas en avoir profiter plus longtemps. Et comme une idole de ce genre ne vieillit pas, ça n’a pas le temps de devenir un vieux con (jurisprudence Jacques Séguela). Jeff Buckley est pour l’éternité un de ses artistes partit trop tôt.
Artiste complet (musicien, parolier, interprète, compositeur) fils d’un chanteur qu’il ne connaîtra jamais vraiment (et décédé à 28 ans d’une overdose), le jeune Jeff naît en Californie et devient féru de musique sous la houlette de sa mère. Il fait partie de quelques groupes de musique au lycée et part à New York connaître ses 1ères scènes avec Gary Lucas lors d’un concert hommage à son père. Avec Lucas, ils formeront un groupe, Gods and Monsters, qui s’arrêtera bien vite suite à des différends artistiques. Cela permet toutefois au jeune Jeff d’apprendre et de se constituer un petit répertoire. Il quitte le groupe mais reste à New York. Il fait ses armes avec la scène Sin-é et se constitue une bonne base de fans. Son talent dépasse bientôt les frontière de la Grosse Pomme et il est repéré par la Columbia. Qui lui fait rapidement signé un contrat.
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N’écoutant que sa passion pour la musique, Buckley décide de prendre son temps pour composer l’album qu’il veut et le directeur artistique Steve Berkowitz lui accorde tout ce dont il a besoin (avances, temps, musiciens, locaux). Jeff cisèle ses arrangements, écrit des textes dépouillés, composent des mélodies travaillés et son talent vocal fait le reste. Il arrive en studio pour enregistrer son 1er album solo le 20 septembre 1993. L’album comptera au total 10 chansons dont 3 reprises, la plus fameuse étant “Hallelujah“, rare exemple d’une reprise plus célèbre que l’originale.
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Dans ce disque, on trouve de tout : influence blues, jazzy, rock bien sûr mais aussi des envies de repousser les frontières des genres. Sa voix pure, aérienne, y trouve un terrain d’expression rare et son perfectionnisme lui permet de nous offrir des morceaux tout simplement unique, maintes fois copiés depuis comme de coutume, avec des arrangements méticuleux et des ambiances qui fleurent bon les bars enfumés et les fins de soirées au coin du feu. “Hallelujah” marquera toute une génération, Buckley y dépouillant le morceau, le rallongeant, travaillant l’émotion mais en évitant le sirupeux et le pathos (a contrario de tous les jeunes qui la reprennent à l’occasion de divers émissions de télé crochets). Oui, car cette chanson est aussi devenu le n°1 du top 5 pour pécho en soirée (une guitare sèche, une voix bien mielleuse, un regard embué, c’est imparable). Mais l’album compte aussi d’autres chansons magnifiques comme “Last goodbye“, “So real” ou encore “Dream brother“.
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Y’aurait-il eu d’autres albums de Jeff Buckley plus magnifique encore ? Les fans le pensent (mais le fan n’est pas objectif) mais sa disparition tragique coupe court à tout débat. Afin de rembourser ses dettes auprès de la maison de disques (l’album s’est bien vendu mais pas suffisemment), Buckley fait des concerts à n’en plus finir, plonge dans la drogue, perd son inspiration et subit la pression de la Columbia. Après quelques mois de pause, il était sur le point d’y retourner avec des maquettes satisfaisantes. En attendant l’arrivée de ses musiciens, il décida d’aller se baigner dans le Mississippi. C’est dans ce fleuve mythique qu’il sera pris, le 29 mai 1997, dans les pales d’un bateau à vapeur. C’est au bord de ce fleuve qu’on retrouvera son corps 6 jours plus tard. Lui qui allait fêter ses 31 ans à l’automne. Comme de bien entendu, les ventes de “Grace” décolleront. Les fans ont beaucoup pleuré. Ses proches et quelques artistes l’ayant côtoyé lui rendront hommage. Des albums posthumes sont parus. Mais rien ne remplace la présence d’un artiste.
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heureusement que la ” règle immuable ” n’a pas fonctionné pour Elvis, Dylan , Cohen et cie …
Lilac wine repris par lui c’est …… à tomber !!
http://youtu.be/6DqZAXQqoag